Lors d’une conférence de presse lundi, François Bayrou a annoncé qu’il engagerait, le 8 septembre, la « responsabilité » de son gouvernement autour de la « question centrale » de la maîtrise des finances. Dans la foulée, LFI, le PCF, les Écologistes et le Rassemblement national ont déclaré vouloir faire tomber le gouvernement à cette occasion.
C’est une annonce surprise qui a provoqué une nette baisse de la Bourse de Paris : le Premier ministre François Bayrou sollicitera la confiance de l’Assemblée nationale le 8 septembre, abattant une nouvelle et périlleuse carte pour faire adopter son plan d’économies budgétaires, sur fond d’appels à bloquer la France le 10 septembre.
« J’ai demandé au président de la République, qui l’a accepté, de convoquer le Parlement en session extraordinaire le lundi 8 septembre » et « j’engagerai ce jour-là la responsabilité du gouvernement sur une déclaration de politique générale », a annoncé, lundi 25 août, le Premier ministre.
À cette occasion, « si vous avez une majorité, le gouvernement est confirmé. Si vous n’avez pas de majorité, le gouvernement tombe », a explicité François Bayrou.
Le Premier ministre a été immédiatement pris au mot par La France insoumise, qui comptait déposer une motion de censure à la reprise des travaux parlementaires, les communistes et les Écologistes.
Le RN ne votera pas la confiance
Le Rassemblement national ne votera pas non plus la confiance dans le gouvernement, ont déclaré Jordan Bardella et Marine Le Pen. « Seule la dissolution permettra désormais aux Français de choisir leur destin », a déclaré la présidente des députés RN, renvoyant dos à dos « gauche, droite et macronistes » qualifiés de « partis du système ».
Les socialistes, sur lesquels compte Matignon pour trouver d’éventuelles voies de compromis, ne se sont pas encore exprimés.
Une forme de va-tout qui pourrait précipiter la chute du gouvernement ? La France traverse « un moment préoccupant et donc décisif », « un moment d’hésitation et de trouble » qui « impose une clarification », a justifié le Premier ministre.
Quel scénario en cas de chute du gouvernement le 8 septembre ? François Bayrou a renvoyé aux récentes déclarations d’Emmanuel Macron, qui semblait écarter une nouvelle dissolution.
La « malédiction du surendettement »
Une manière aussi, pour François Bayrou, de tenter de reprendre la main alors que les mesures annoncées le 15 juillet, dont l’année blanche fiscale et la suppression de deux jours fériés, ont suscité une forte opposition.
Mais « ne débattre que des mesures, c’est oublier la nécessité du plan d’ensemble. Or, c’est le plan d’ensemble, sa nécessité et son urgence qui est la vraie question », a expliqué François Bayrou, qui a évoqué un débat « dévoyé » et « déplacé ».
« Y a-t-il ou pas urgence nationale à rééquilibrer nos comptes publics et à échapper, parce que c’est encore possible, à la malédiction du surendettement (…) ? Et cela en choisissant une trajectoire de retour à la maîtrise de la dette en quatre ans d’ici à 2029, en dépensant moins et en produisant plus », a martelé le Premier ministre d’un ton grave et solennel.
François Bayrou a aussi évoqué les appels à bloquer le pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux et les messageries, et désormais soutenus par la gauche.
« La France, ce n’est pas ceux qui veulent l’abattre par le désordre, c’est ceux qui veulent la construire par le courage et la générosité », a-t-il déclaré.
« Ne pas subir la rentrée »
Tout à sa volonté de recadrer le débat, le Premier ministre n’a pas abordé le fond des mesures qui composeront son budget.
Après l’expérience de Michel Barnier, renversé au bout de trois mois, François Bayrou « ne veut pas subir la rentrée ». « Il ne va pas attendre qu’on le censure comme ça. Sans essayer de trouver des voies, des chemins, de réaffirmer un certain nombre de choses », explique un de ses proches.
Le Premier ministre ne se contentera d’ailleurs pas de sa conférence de presse. Il s’exprimera mardi à l’évènement de rentrée de la CFDT, puis jeudi à celui du Medef. Il doit se rendre vendredi à la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne).
L’initiative de François Bayrou intervient sur fond d’opposition politique, des syndicats de salariés et de ces appels du 10 septembre.
Circonspects face à ce mouvement « nébuleux » (Sophie Binet, CGT), qui évoque la crise des « Gilets jaunes« , les syndicats de salariés, opposés au budget Bayrou comme au projet gouvernemental de réformer à nouveau l’assurance-chômage, réfléchissent à leurs moyens d’action, avant une intersyndicale prévue le 1er septembre.
Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT et de Solidaires -SUD Rail et Sud Industrie– ont prévu de se mobiliser le 10 septembre.
Avec AFP
