Un astéroïde pourrait bientôt entrer en collision avec la Terre. Avec une taillé estimée de 40 à 100 mètres de large, l’objet baptisé 2024 YR4 aurait entre 1,2 % et 2 % de risque de percuter notre planète. Un risque bas mais non négligeable, selon les experts. Si l’astéroïde ne menace pas la Terre dans sa globalité, sa chute pourrait anéantir une grande ville ou provoquer un tsunami.
Astéroïde, droit devant. Il ne s’agit pour l’instant que d’un minuscule point lumineux dans le champ des télescopes, mais dans près de huit ans cet astéroïde pourrait éventuellement entrer en collision avec la Terre, préviennent les astronomes, qui appellent toutefois à ne pas céder à la panique.
Cet objet céleste pourrait frapper notre planète le 22 décembre 2032, selon les estimations de plusieurs agences spatiales internationales. Mais que sait-on de lui ?
Découvert le 27 décembre dernier grâce à un télescope automatique situé au Chili, l’astéroïde 2024 YR4 a aujourd’hui environ 2 % de chance de toucher la Terre en 2032, selon les diverses solutions testées. Une première estimation de l’Agence spatiale européenne (ESA) annonçait une probabilité plus basse, à 1,2 %, mais qui n’en demeure pas moins une probabilité de collision parmi les plus importantes jamais calculées.
Dans un article du Monde, Patrick Michel, directeur de recherches au CNRS à l’Observatoire de la Côte d’Azur, s’est montré rassurant, affirmant que le Réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN) dont il est membre « émet une notification si un objet a plus de 1 % de risque d’entrer en collision avec la Terre dans les cinquante ans à venir ». Et le spécialiste des astéroïdes d’ajouter : « C’est une attitude très précautionneuse : il y a quand même 99 % de chances qu’il passe à côté. »
Un risque très bas, mais loin d’être négligeable, selon les experts. Il est en effet « très rare que la probabilité [d’impact] dépasse les 1 % », relevait début février auprès de l’AFP Bruce Betts, de l’organisation américaine Planetary Society.
Et cette évaluation, encore préliminaire, pourrait évoluer à la baisse comme à la hausse dans les mois et années à venir, prévient-il. « Il y a de fortes chances que non seulement il ne frappe pas la Terre, mais que dans les mois ou les années à venir, la probabilité tombe à zéro », dit-il toutefois.
- 2024 YR4 pourrait anéantir toute une ville
Malgré ce faible risque, une surveillance accrue est de mise. Car si un objet céleste de cette taille ne risque pas d’anéantir la planète Terre, 2024 YR4, dont le gabarit est aujourd’hui estimé entre 40 et 100 mètres de large, pourrait tout de même causer des dégâts considérables.
« S’il tombait au-dessus de Paris, Londres ou New York, cela anéantirait pratiquement toute la ville et une partie de la région environnante », explique Bruce Betts. Les dommages pourraient « s’étendre jusqu’à 50 kilomètres du site d’impact », évalue un document du IAWN consulté par l’AFP.
« La dernière fois qu’un objet de ce type a heurté la Terre, nous pensons que c’était au début des années 1900 à Toungouska, dans une région isolée de Sibérie », rapporte Andrew Rivkin, astronome à l’université Johns Hopkins. L’événement avait dévasté la région sur plus de 2 000 kilomètres carrés. L’astéroïde en cause mesurait une cinquantaine de mètres de diamètre.
Si ce scénario venait à se reproduire, en décembre 2032, « on s’attendrait à ce que l’astéroïde se brise dans l’atmosphère » en plusieurs morceaux, estime Andrew Rivkin. Avec un impact potentiellement plus de 500 fois plus puissant que la bombe nucléaire d’Hiroshima.
Par ordre de comparaison, l’astéroïde ayant causé l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années faisait plus de 10 kilomètres de diamètre.
- Une large zone menacée
Malgré toutes ces incertitudes, « si l’astéroïde venait à toucher terre, nous savons où cela serait », poursuit Andrew Rivkin.
La zone d’impact possible comprend ainsi la partie orientale de l’océan Pacifique, le nord de l’Amérique du Sud, l’océan Atlantique, l’Afrique, la mer d’Arabie et l’Asie du Sud. Un périmètre qui devrait s’affiner au fil du temps.
Si l’astéroïde venait à tomber en plein océan, la menace pour l’homme serait par exemple minime. Ce serait différent si c’était sur un continent, ou encore près d’une île ou des côtes, un tel impact faisant courir le risque d’un tsunami.
- Quelles solutions envisagées à ce stade ?
Quoi qu’il en soit, l’humanité dispose de suffisamment de temps pour se préparer, estiment les experts interrogés par l’AFP.
Sur Sky News, début février, l’astronome David Whitehouse évoquait la nécessité de prendre des mesures pour dévier l’astéroïde si l’hypothèse d’une collision avec la Terre venait à se préciser.
Des scientifiques travaillent en effet depuis des années au développement de moyens de défense planétaire, insiste l’astronome de l’université John Hopkins, qui a lui-même participé à une mission de la Nasa ayant réussi à changer la trajectoire d’un astéroïde inoffensif.
« Je ne vois pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas à nouveau », assure-t-il, reconnaissant toutefois que l’emploi de telles mesures, la plupart n’ayant encore jamais été testées dans l’espace, dépendrait du bon vouloir des pays disposant de moyens spatiaux.
Mais à ce stade, « personne ne devrait prendre peur », insiste Kelly Fast, chargée des questions de défense planétaire à la Nasa.
Au contraire, « c’est encourageant de voir que la Nasa et la communauté internationale gardent à l’œil » des menaces aussi lointaines et minimes, estime-t-elle.
Mais, outre 2024 YR4, un autre corps céleste est à surveiller. Le 13 avril 2029, l’astéroïde Apophis, du nom du dieu égyptien du Chaos – d’une masse estimée à environ 40 ou 50 millions de tonnes – devrait s’approcher de la planète bleue à une distance inférieure à celle qui nous sépare de certains satellites artificiels. Celui-ci opèrera un survol extrêmement rapproché qui, comme l’avait rappelé la Nasa, ne s’est jamais produit dans l’histoire depuis que l’humanité est en mesure d’observer et d’enregistrer ce type de phénomènes astronomiques.
Avec AFP
