Politique, Economie, Social, Sansal, dossier mémoriel…les déclarations de Tebboune devant la nation

Dans son discours prononcé hier devant les deux Chambres du Parlement, le président Tebboune a évoqué les relations entre l’Algérie et la France qui traversent une crise sans précédent, le dossier du litige mémoriel et s’est exprimé pour la premier fois sur l’affaire Boualem Sansal sans le citer.

L’auteur, qui a obtenu la nationalité française l’été dernier, est en détention provisoire à Koléa (Tipasa) depuis la mi-novembre. Abdelmadjid Tebboune a qualifié Sansal d’«imposteur». «Voilà un voleur dont l’identité et le père sont inconnus, qui ose dire qu’une partie de l’Algérie était la propriété d’un autre pays», assène le chef de l’Etat, qui réagissait aux déclarations controversées de l’auteur faites à Frontières, un média français d’extrême droite, sur la prétendue appartenance d’une partie de l’Ouest algérien au Maroc avant la colonisation française en 1830.

Dans son discours, M. Tebboune a également usé de propos forts pour dénoncer le passé colonial et les crimes du colonialisme qui a tué, a-t-il rappelé, 5,63 millions d’Algériens. «Ils ont commis des massacres et des boucheries. Des Algériens ont été gazés, dont la tribu Benchohra à Laghouat en 1852. Les Zaatcha ont subi également un massacre. Bugeaud est un génocidaire, ses soldats ont enfumés des grottes. Il y a eu plusieurs génocides. En mai 1945, plus de 45 000 Algériens ont été massacrés pendant un mois. Est-ce que cela n’est pas un génocide ?» s’est interrogé M. Tebboune.

A l’adresse des dirigeants français actuels, le chef de l’Etat a réitéré qu’il n’exige pas des «excuses» mais la «reconnaissance» des crimes commis. «Nous ne demandons pas le pardon, mais la reconnaissance. Les milliards de dollars ne suffisent pas pour rembourser la perte de milliers de chouhada.

Leur valeur est beaucoup plus grande que cela», a-t-il souligné, avant d’appuyer : «Nous ne vous demandons pas de vous excuser pour les violations commises en Algérie par vos ancêtres, mais au moins reconnaissez-les. On n’attend pas non plus des indemnisations de la France, mais une reconnaissance morale pour ce qui s’est passé.».

«Venez nettoyer ce que vous avez laissé»

Le Président a réitéré qu’il n’abandonnerait pas le dossier de la mémoire, quitte à être qualifié de «non-démocrate». «Je ne suis pas démocrate et je continuerai à vous réclamer des comptes», a-t-il lancé. Il a aussi rappelé, entre autres crimes du colonialisme, les essais nucléaires français dans le Sahara algérien. «Ils nous ont laissé les maladies alors qu’eux sont devenus une puissance nucléaire à notre détriment.

Venez nettoyer ce que vous avez laissé, nous n’avons pas besoin de votre argent. Je ne demande rien, ni euros, ni dollars, mais la dignité de nos ancêtres et de nos citoyens, et cela sans aucune arrière-pensée», réplique le chef de l’Etat à ceux qui accusent l’Algérie de faire du dossier de la mémoire un «fonds de commerce».

Plus loin, le Président a répondu à ceux qui disent qu’ils avaient laissé le paradis en Algérie : «Sachez qu’à l’indépendance du pays, 90% des Algériens étaient des analphabètes.» Il a rappelé qu’au début de l’occupation française, en 1830, le nombre des Algériens étaient de 4 millions, et à son départ, ce nombre était de 9 millions. «Comment expliquer qu’en presque un siècle et demi, ce nombre n’a augmenté que de cinq millions. Est-ce normal ?

C’est la preuve qu’il y a eu des génocides en Algérie», affirme M. Tebboune. 

Au volet social, le président de la République est revenu sur la question de la distribution de logements, qu’il a considérée comme « une question de dignité pour le citoyen, et non un gaspillage d’argent comme le prétendent certains détracteurs », soulignant que « le logement n’est plus un fardeau pour l’Etat, car les projets sont construits avec des matériaux purement algériens, contrairement au passé où nous devions les importer ».

Et d’ajouter : « Ils ont prédit une explosion en Algérie en raison de notre politique du logement puis à cause de la baisse des réserves des barrages, face à quoi l’Algérie a répondu par la consolidation de ladite politique, ainsi que par des projets d’envergure en matière de dessalement de l’eau de mer ».

« Ils espéraient notre chute devant le Fonds monétaire international lorsque nous avons recruté des enseignants et exonéré d’impôts les petits salaires. Pourtant, l’Algérie se porte toujours bien », a-t-il lancé. 

S’agissant du pouvoir d’achat, le président de la République a indiqué qu’il sera augmenté de 53% au cours de ce mandat, d’autant que « nous prévoyons une hausse des revenus de l’Algérie grâce à l’accélération de la dynamique de production ».

Concernant la cause palestinienne, le président de la République a réaffirmé la position constante de l’Algérie en faveur de la Palestine jusqu’à son indépendance.

Evoquant la question sahraouie, le président de la République a rappelé que « l’idée d’autonomie est une idée française et non marocaine et nous le savons depuis des décennies », soulignant que les options de règlement qu’ils proposent pour la question du Sahara occidental sont « des choix entre le mal et le pire alors qu’il s’agit d’une question de décolonisation et d’autodétermination ».

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