Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a appelé, vendredi, à la « grève générale » lors du mouvement de blocage prévu le 10 septembre, espérant que ce mouvement de protestation populaire aide à faire chuter le gouvernement de François Bayrou.
Pour sa première prise de parole politique aux universités d’été de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau salué le mouvement de blocage annoncé pour le 10 septembre, qu’il espère être la traduction citoyenne de la colère du « peuple », appelant même à la « grève générale ».
« Il faut que le 10 septembre soit un jour de blocage général, c’est-à-dire, pour ce qui concerne le salariat, que le 10 septembre ce soit la grève générale », a lancé le fondateur de LFI devant plusieurs milliers de militants à Châteauneuf-sur-Isère, près de Valence dans la Drôme.
« Le 10 septembre, ça peut être une étape, mais il faut évidemment construire d’autres perspectives », a-t-il également déclaré, se disant « 100 % d’accord » sur ce sujet avec la patronne de la CGT Sophie Binet, qui s’est pourtant montrée plus prudente sur cette mobilisation.
Né sur les réseaux sociaux, le mouvement « Bloquons tout » appelant à une mobilisation le 10 septembre a reçu le soutien de la France insoumise, des Écologistes, des communistes puis des socialistes.
Plusieurs syndicats, dont la CGT et Force ouvrière, réuniront la semaine prochaine leurs instances internes pour décider d’actions, alors que plusieurs fédérations syndicales rejoignent l’appel à « tout bloquer » du 10 septembre.
« Personne ne sait comment tout ça s’est engagé, mais des milliers de gens s’y sont rallié d’entrée de jeu. Ce que tout le monde sait, c’est que d’entrée de jeu, il s’est créé des assemblées citoyennes et qu’il va s’en créer encore d’autres », a encore déclaré Jean-Luc Mélenchon à propos de ce mouvement de protestation aux contours encore peu définis et qui réclame notamment plus de justice fiscale et un rejet du plan de budget 2026 soutenu par le gouvernement de François Bayrou.
Mais le triple candidat à la présidentielle a tenu à écarter toute accusation en « récupération » politique, les Insoumis ayant été les plus prompts à appeler au soutien de ces appels au blocage et à la grève. « Notre stratégie est d’aider et de servir le mouvement », a appuyé Jean-Luc Mélenchon.
Quid de l’union ?
L’ancien sénateur socialiste n’a pas directement répondu dans ce discours aux appels à l’union à gauche en vue de la présidentielle de 2027. La veille, aux universités d’été des Écologistes, la patronne du parti, Marine Tondelier, s’est une nouvelle fois livrée à un plaidoyer pour unir toutes les forces de gauche, son cheval de bataille.
« Arrêtons avec les attaques personnelles et les guerres picrocholines, et la ‘commedia dell’arte’, et les ‘gnagnagna’, si tu me mets un dissident là, je t’en mets un là (…) On n’a pas le temps », a-t-elle martelé.
À gauche, le Parti socialiste d’Olivier Faure, les Écologistes et les anciens Insoumis (Clémentine Autain, François Ruffin) sont de fervents défenseurs de l’union face à la menace de l’extrême droite. Mais les deux présidentiables que sont Raphaël Glucksmann et Jean-Luc Mélenchon s’y refusent, mettant en avant les divergences programmatiques à gauche. Le second s’est déjà dit favorable à l’union, mais derrière LFI et autour de son programme de rupture.
Présente à Strasbourg jeudi, la députée insoumise Alma Dufour a fait état de « divergences stratégiques » entre son parti et les autres formations qui, l’an dernier, avaient constitué le Nouveau Front populaire (NFP).
Le grand raout de rentrée du mouvement de gauche radicale s’est ouvert sur fond de polémique concernant l’exclusion du journaliste du Monde, Olivier Pérou, co-auteur du livre enquête sur LFI « La Meute ». Dans une lettre ouverte adressée au coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, une partie des journalistes accrédités pour l’événement a fait part de sa « stupéfaction » et son « indignation » face à « une atteinte grave à la liberté de la presse ».
Lors de sa prise de parole, Jean-Luc Mélenchon a dans un premier temps salué les journalistes présents sur place.
« Nous ne sommes pas chagrins quand ils disent du mal de nous (…) souvent nous avons l’impression que ça nous aide plus que ça nous dessert », a-t-il lancé. « Vous serez bientôt remplacés par une intelligence artificielle, parce que vous ne disposez pas de plus de 200 mots pour penser la réalité », a-t-il néanmoins ajouté.
Avec AFP
