Normalisation avec Israël, relations algéro-francaise: Ce qu’a dit Tebboune à la presse libanaise

Le président Tebboune s’est entretenu avec un groupe de journalistes libanais en marge de la visite du président Joseph Aoun à Alger en fin de semaine. Il a abordé les grands dossiers régionaux, les équilibres géopolitiques et les relations tendues avec la France, sur lesquelles il s’est exprimé sans détour.
À l’occasion de la visite officielle du président libanais Joseph Aoun, les salons du palais d’El Mouradia ont accueilli un échange dense entre le président Tebboune et une délégation de journalistes libanais. L’entretien, organisé en marge des discussions bilatérales, a permis au chef de l’État d’afficher la position d’Alger sur plusieurs dossiers tels que la situation au Liban et en Syrie, en passant par la Palestine, les relations avec les États-Unis et la Chine, et la crise persistante avec la France.
Un appui sans condition au Liban
Sans surprise, la question libanaise s’est imposée comme l’un des temps forts de l’entretien. «Le Liban est dans notre cœur», a déclaré le président Tebboune, selon des propos rapportés par la presse libanaise, qui insiste sur l’attachement affectif et historique qu’il accorde aux relations entre les deux pays. Une attention particulière a été portée à la réponse favorable d’Alger à une demande officielle de soutien formulée par la partie libanaise, visant la réhabilitation des infrastructures publiques et municipales, ainsi que la restauration de logements résidentiels à vocation humanitaire. «L’Algérie est le principal soutien du Liban pour la reconstruction», a affirmé Tebboune, annonçant la création d’une commission d’ingénieurs algériens chargée d’en assurer le suivi. L’aide promise est évaluée à 200 millions de dollars.
Toujours à propos de l’aide algérienne, la presse libanaise a relevé qu’à la différence de certaines capitales qui conditionnent leur soutien à la question du désarmement du Hezbollah, Alger demeure fidèle à sa position de non-ingérence. «Je ne m’implique pas dans les affaires internes. Aoun est plus conscient que moi de cette réalité», a déclaré le président Tebboune à ce sujet lors de cet entretien.
«Nous n’avons jamais rejeté le changement»
Évoquant l’avenir de la Syrie, le président Tebboune a, selon la presse libanaise, reconnu que le pays ne retrouverait pas sa situation d’avant-crise, mais que le rétablissement de la cohésion nationale restait possible, à condition de lui laisser le temps nécessaire. S’agissant d’une éventuelle normalisation entre Damas et Tel-Aviv, il s’est abstenu de tout jugement, estimant que «chaque dirigeant doit agir en fonction de la volonté de son peuple».
Palestine : cap sur l’unité, Riyad salué
Concernant la cause palestinienne, il a rappelé que l’Algérie reste fidèle à ses principes et continue d’œuvrer en faveur de l’unité des factions palestiniennes. Il met en avant le rôle actif de l’Arabie Saoudite dans ce processus en déclarant : «Nous avons de fortes relations avec l’Arabie Saoudite. Nous témoignons que le royaume a été à nos côtés durant les guerres et les soulèvements.» Interrogé sur une éventuelle évolution de la position algérienne vis-à-vis d’Israël, il affirme que «le monde parle de la solution à deux États. Nous l’avons dit aux Américains, nous ne normaliserons pas avant la création des deux États.»
Les États-Unis, la Chine et la Russie
Outre les questions régionales, le président de la République s’est exprimé sur l’orientation de la politique étrangère de l’Algérie face aux grandes puissances. Dans un contexte de rivalité croissante entre Pékin et Washington pour l’influence en Afrique, il a affirmé qu’Alger privilégiait une posture équilibrée, refusant tout alignement automatique. Il a tenu à rappeler : «Nous avons de bonnes relations avec les États-Unis, la Chine et la Russie.» Il insiste sur le fait que les États-Unis avaient, par le passé, soutenu la cause algérienne à l’ONU pendant la guerre de Libération nationale. Il a toutefois précisé : «Nous avons dit aux Américains que nul ne pourra nous pousser à nous opposer à un autre.»
Alger-Paris
Interrogé sur les relations avec Paris, le Président a affirmé n’avoir «aucun problème avec Emmanuel Macron», tout en dénonçant, en référence à la droite et à l’extrême droite françaises, qu’«une minorité extrémiste en France a fait de l’Algérie sa principale obsession».
Le contentieux mémoriel, lui, reste un point de blocage. Selon les médias libanais, qui ont relayé ses déclarations, le chef de l’État a rappelé qu’«il y a une mémoire entre nous que nous ne délaisserons jamais». En contrepoint, M. Tebboune a mis en avant les relations «apaisées et mutuellement bénéfiques» qu’Alger entretient avec d’autres partenaires européens, citant l’Italie comme exemple.

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